Daniel Bourdon, parrain du salon.
Major de police âgé de 52 ans, DANIEL BOURDON, fils de mineur, qui a grandi entre les corons et les cités, est un pur produit de la Sécurité publique. Il intègre la Brigade anti-criminalité en 1984 pour devenir ensuite l'un de ses plus hauts responsables. Son terrain de chasse est surtout le monde de la nuit, où il a opéré à près de 7 000 arrestations.
Daniel Bourdon, a écrit les dernières heures de Diana ( Voix Du Nord du15/11/2014, extrait)
S’il reste à distance de la presse, il a accepté un entretien avec La Voix du Nord, parce que « c’est chez lui ». Fils de mineur de Bruay, Daniel Bourdon vit au Touquet. Ce livre, c’est, dit-il, « ce qu’un flic peut ressentir sur une intervention de ce type ».Il lui a fallu prendre du recul après cette nuit du 31 août 1997, et il a attendu la retraite pour s’y mettre. Et puis, écrire sur Lady Diana, « c’était chasse gardée. Si j’avais écrit en activité, j’étais un homme mort ». Ça en dit long sur la tension du drame.
Daniel Bourdon aura passé presqu’un an à recueillir les témoignages de ses collègues, et effectuer des recherches. Il aurait pu écrire dès le lendemain, mais son respect pour cette « haute personnalité » auprès de laquelle il a été envoyé à l’hôpital de la Salpêtrière afin de protéger son intimité des paparazzis, l’a emporté. Il raconte qu’il n’a su qui était cette personnalité qu’une fois arrivé sur les lieux, son rôle de policier se mêlant aux sentiments d’un homme dont la première épouse est décédée dans un accident de la route.
Ébranlé
Daniel Bourdon a été ébranlé. Il soutient que Diana n’aurait pas dû mourir, pas ce soir-là. Si seulement elle avait mis sa ceinture, elle aurait été blessée, même grièvement, mais ne serait pas morte. Il a vu les rapports médicaux qui confirment. Il a voulu détailler l’accident dans ce livre, pour expliquer qu’un attentat était impossible.
Quelques minutes après l’accident, c’était déjà trop tard. « Je l’ai vu entrer vivante, sortir morte », témoigne-t-il. Il a eu quinze minutes, seul avec elle. Il se demande encore comment il est arrivé là. « Chacun sait où il était lors du 11 septembre, lors de l’assassinat de Kennedy. Pour Diana, c’est pareil. » Il confie que la réalisation d’un documentaire télévisé est en cours de négociation.
- FLAG, 25 ans et 7 000 interpellations à la brigade anticriminalité, mai 2012, éditions de La Martinière.
- Diana, cette nuit-là, août 2015, éditions Michel Lafon
DIANA - CETTE-NUIT-LÀ
DANIEL BOURDON
« C’était il y a dix-sept ans. Cette nuit-là, j’y étais : dans le couloir où elle était encore vivante, puis seul avec elle dans la chambre mortuaire. C’est pourquoi depuis, on me présente ainsi : “celui qui a accompagné la princesse pour son dernier voyage.” Mais jusqu’ici, je n’en avais jamais parlé. Même si les images restaient gravées en moi, je voulais d’abord prendre du recul par rapport à cette tragédie. Loin du battement médiatique et de l’enquête officielle, je souhaitais recueillir le sentiment de mes collègues dans la brigade, retourner sur les lieux du drame, humer l’air, comprendre qui elle était et avec qui elle se trouvait. C’est ce que j’ai fait, pendant des années… Près de vingt ans de réflexion, d’archivage, et surtout de silence. Une enquête personnelle qui sommeille…
Pourtant, parfois, la nuit je me réveille et je pense à elle. Je la revois telle qu’elle m’est apparue sur la civière. J’entends son faible souffle. Ses veines sont encore gorgées de sang, les paupières s’ouvrent puis se ferment, son cœur bat. Elle vit. Elle ne veut pas mourir. Pas ce soir. Pas maintenant. Elle va se réveiller. Me parler. Se lever…
Et je me refais alors le film de sa dernière nuit sur terre. »
- à paraître: Coeur de flic